Cap au sud pour les enfants de l'Accueil familial de vacances
Chaque année la délégation du Val de Marne organise le départ d'enfants en vacances dans des familles mobilisées pour l'occasion dans les deux Sèvres et en Aveyron. Trois semaines qui permettent aux enfants et à leur famille de souffler un peu et de se détacher de leur quotidien. Familles et bénévoles s'investissent tout au long de l'année afin de favoriser ainsi l'accès aux vacances à ces enfants, pour avoir le plaisir de voir leurs yeux briller au retour. Cette année, ce sont 23 enfants qui ont pu profiter de ce changement de décor.
Je m’attends à m’amuser, faire du bateau, du jet ski, me baigner dans le lac. Je me sens comme dans ma famille !
Rosine, 42 ans, vit à Villiers-sur-Marne. Elle accompagne les enfants pour l’AFV (accueil familial de vacances) comme maman et comme bénévole depuis six ans environ.
maman investie
Personnellement, je trouve le projet de départ des enfants en familles d’accueil très intéressant J’ai commencé à faire partir en vacances mon fils ainé, qui est grand maintenant. Quelques années après, le petit a suivi et ça se passe bien.
Pour moi c’est quelque chose de positif pour les enfants : apprendre à se détacher un peu, vivre autre chose, vivre avec d’autres personnes. Cela nous permet, à nous parents, de prendre aussi du temps pour nous.Financièrement la participation dépend des familles. Certaines familles participent, pour d’autres familles, le Secours Catholique prend en charge. Ca fait du bien aussi de pouvoir participer à sa mesure, c’est important.
Cette année, une maman fait partir ses trois enfants pour la première fois, elle n'est pas très rassurée. La première fois, je me sentais mal aussi. Il faut pouvoir faire confiance à la famille d’accueil, la laisser, libre de pouvoir s’occuper de son enfant. Il est important également de laisser un peu d’espace et de liberté à son enfant.
Avant le départ il y a des échanges de courriers, de photos, ils permettent de mieux se rendre compte de l’environnement où vivra l’enfant.
Quand le mois de juillet arrive les enfants sont très contents de partir. Quand ils reviennent, ils sont devenus plus indépendants, font davantage des choses seuls, ils grandissent, ils sont contents et ont tellement de choses à raconter !
... et bénévole
La participation de Rosine en tant que bénévole pour les départs en vacances se concrétise, en amont, par des réunions pour relire les retours positifs ou négatifs des précédents voyages afin d’améliorer certaines points. L’éducation des enfants est aussi prise en compte, parce que chaque enfant a sa culture, son éducation, son caractère, des informations peuvent être transmises aux familles.
Il y a davantage de témoignages positifs que de négatifs et … beaucoup d’enfants épanouis.L’année dernière, la pandémie a beaucoup affecté cet accueil et impacté le projet, il n'y a eu aucun départ. Pour certaines familles devoir supporter la pandémie, avoir les enfants toute la journée à la maison dans des logements en banlieue non adaptés, a été très difficile.
Peut-être que c’est ma dernière année ! Je dis peut-être car j’avais décidé de ne plus partir : à chaque départ avec les enfants, il y a eu un petit souci : soit j’ai raté le train, soit j’ai dormi dans la gare … . Aujourd’hui nous en en rions avec Emile mais cela continue à me faire plaisir.
... le même engagement
J’ai commencé à faire du bénévolat parce que je me suis dit que je devais donner de mon temps. Je me rappelle très bien : après un séjour à Lourdes avec le Secours Catholique en 2015, j’ai ressenti le besoin de m’investir.
Pour moi c’est une satisfaction, je suis contente, cela me fait du bien. Je travaille mais j’ai pris quand même trois jours de congé pour me consacrer à ce départ, c’est très important, pour moi-même, pour les enfants et pour le Secours Catholique.
Le Secours Catholique m’a beaucoup apporté. En 2009, j’étais en congés parental et j’avais des petits soucis financiers. Mon fils était encore tout bébé, le Secours Catholique m’apportait du lait, des couches, des petits pots et ça m’a touchée. En retour, je pouvais donner de mon temps pour aider moi aussi. Je suis très contente de faire partie de ce dispositif.
Linda, nouvelle recrue du "groupe reporter" de la délégation du Val-de-Marne, ne s'attendait pas à faire autant de kilomètres lorsqu'elle s'est rendue garde d'Austerlitz ce 8 juillet pour rencontrer les enfants au départ de leur vacances. Elle nous fait le récit de son périple et de ses découvertes sur l'accueil familiale de vacances.
Rien n’était prémédité et pourtant, je suis devenue le temps d’un aller et retour, le binôme de Rosine, bénévole depuis plusieurs années pour le Secours Catholique du Val-de-Marne. Une drôle d’aventure qui naît à Paris Gare d’Austerlitz, en dépannage de dernière minute, pour accompagner un groupe de dix enfants sur la route de leurs vacances.
Pour ceux qui connaissent déjà, l’excitation du voyage se fait sentir, tandis que j’observe chez les plus jeunes, une douce réserve, ou encore des regards un peu inquiets pour ceux qui vivent leur première expérience. Ils s’exécutent docilement, et je devine un léger désarroi qui les mue en silence. Je retrouve les caractéristiques sensibles de l’enfance que j’avais presque oubliées : un comportement clownesque, presque frondeur, pour moteur, ou encore une âme sensible qui se cache derrière des petites lunettes de soleil pour se préserver, l’insouciance d’exprimer contrariée par une réalité qui revient au galop et qui vient freiner tous ces petits moments de liberté, souvent appelés bonheur. Je devine tant d’histoires pour survivre derrière ces petites personnes : des secrets, du labeur, du courage, de l’amour, de la résistance, des stratagèmes, et la liste continue.
La nuit sera longue, dans ce bus qui nous mènera à Rodez, de 22h à 8h15.
Les presqu’adolescents nous donneront plus de difficultés, dissipés par quelque chose qui nous dépasse parfois… puis ils finiront par s’assagir de fatigue pour s’endormir enfin !
Je salue leur force à tous, car peu ont dormi, et aucun pleinement ! ils se sont conduits de façon exemplaire malgré les conditions. Un autre clin d’œil : nous bénéficierons de 2 courtes poses au cours du voyage, et il faudra réveiller chacun d’entre eux à chaque fois pour les inciter à aller aux toilettes ! La surprise est de taille lors de notre dernier arrêt : le vendeur de la station nous propose de nous offrir des sandwichs au poulet, croyant que je suis avec 5 enfants seulement. En écoutant notre conversation, il comprend que nous sommes plus en nombre, et il se trouve que son surplus est exactement de 10 sandwichs au total. Mon assistance me regarde avec une telle insistance, la bouche ouverte en cœur, dans ce qu’elle sait de plus exemplaire et se retenant de parler à ma place : je crois rêver… nous avons vite accepté ce qui nous était offert de bon cœur et sommes repartis les mains pleines, pour partager avec ceux qui étaient restés dans le bus, et je reste stupéfaite de ce hasard si heureux et bienvenu !
Un moment étrange pour moi, encore ballotée par la route, un peu perdue dans mes pensées nocturnes persistantes. La torpeur de la nuit n’a pas seulement d’effet sur moi, certains somnolent près de leur valise, au moment de saluer, et d’autres s’impatientent pour être dans un lit bien au chaud le plus vite possible.
Celui qui accueille, par hasard, est plus grand en taille, et plus fort. Il se charge spontanément du bagage de son invité, toujours muet. Très vite, il est rejoint par un adulte, qui prend en main la suite des opérations, et je les vois s’éloigner tous les trois vers leur véhicule, bientôt rejoints par l’épouse de Monsieur.
Dans le train qui me ramènera de Rodez à Paris, je penserai très souvent à eux, à ces enfants, à ces familles, à tous ces moments qu’ils vont vivre ensemble, à toutes ces richesses qu’ils vont partager ensemble, je l’espère, et qui représente l’avenir dans leurs vies. J’ai hâte de les revoir, ces enfants, de lire leur carnets de voyages qu’ils ont commencé de remplir dans le bus, d’entendre leur parole qui se trouvera peut-être libérée, et de voir la joie dans leurs yeux.
Plusieurs équipes du Val-de-Marne orientent les familles qu'elles accompagnent durant l'année vers l'accueil familial de vacances (AFV). L’équipe de Champigny-sur-Marne suit des enfants qui partent en AFV depuis près de 4 ans. Marie-Hélène, responsable de l'équipe, nous décrit le projet.
Connaître et rassurer les familles
Au niveau de notre équipe, dès que nous connaissons les dates et avons le feu vert pour lancer les inscriptions, nous réfléchissons ensemble aux familles rencontrées susceptibles d’envoyer des enfants. L’âge des enfants va de 6 à 11 ans. Cette année nous avons inscrit cinq enfants.
Ainsi une maman seule, arrivée en France il y a 5 ans, logée par le Samu social à Ozoir-la Ferrière, peut faire partir régulièrement ses deux filles toujours scolarisées à Champigny. Cette année nous accompagnons une nouvelle famille avec 3 enfants. Ils viennent d’arriver sur Champigny et vont partir avec l’AFV pour la première fois.
Nous rencontrons les familles pressenties, leur demandons si cela les intéresse, leur expliquons l’action, la durée de trois semaines, l’accueil dans des familles sélectionnées par le Secours Catholique. Il est important de les rassurer, de montrer que c’est sérieux. S’ils sont d'accord, nous montons les dossiers.
Transmettres les dossiers
Mettre en œuvre le projet n’est pas très long, c’est juste remplir un dossier pour chaque enfant.
Environ trois semaines avant le départ, la famille a besoin de savoir où les enfants vont partir, connaître le nom de la famille, savoir si elle a le téléphone, les parents ont besoin de renseignements.
C’est la délégation, au niveau départemental, qui assure la répartition des enfants dans les familles et gèrent les frais de l’action. Quand c’est possible les familles participent, certaines touchent des aides de la CAF, pour les autres familles qui ne touchent rien, elles sont prises en charge entièrement par le Secours Catholique.
Accompagner les départs
Le moment du départ venu, nous rejoignons la délégation qui coordonne le trajet, par exemple à Austerlitz, ce sont des trains de nuit, bénévoles et parents allons à la gare d’Austerlitz, pour dire au revoir. Nous accompagnons les familles pour les rassurer Et c’est sympa de voir l’ambiance! Les enfants sont tout excités, il y en a qui disent à peine au revoir ! Ils se retrouvent avec d’autres enfants, ils vont être dans le train (ils ont souvent plus ou moins déjà pris le train), ils vont dormir dans le train
Faire confiance aux familles de vacances
D’une année sur l'autre, il y a des familles qui se renouvellent. Cette année il y a trois enfants de plus, donc il faut que trois familles de vacances en plus se proposent, les enfants vont chacun dans des familles différentes. C’est la délégation du département d’accueil, comme celle de Rodez par exemple, qui mobilise et accompagne ces familles.
Les vacances se passent toujours en juillet et dans la même région. C'est la famille qui les reçoit qui prévoit les activités,. Elle fait participer les enfants à la vie de famille, ils auront par exemple une chambre au lieu d’une chambre hôtel à quatre, c’est un univers qui est complètement diffèrent !
Freins et fruits
La pandémie a impacté le projet, l’année dernière aucun départ n’a pu être organisé mais cette année 30 enfants ont pu partir du Val de Marne, (avant la crise sanitaire, 60 enfants partaient en moyenne).
C’est un super projet, mais des difficultés sont rencontrées : ce sont surtout les réticences des familles à envoyer leurs enfants pendant trois semaines dans une famille inconnue. Nous savons que les familles de vacances sont sélectionnées par le Secours Catholique, nous avons confiance, même en nous connaissant, pour les familles, c’est un frein. On entend tellement de propos sur tout ce qui se passe que les gens reculent, ils ont peur. Il faut vraiment que les familles nous connaissent et qu’il s’établisse un climat de confiance.
Nous aimerions que les enfants d'une maman, que nous connaissons bien, puissent partir mais cela est toujours impossible. Depuis deux ans, j'essaie de la persuader, en vain. Pourtant ces séjours portent des fruits.
Comme bénévoles nous sommes contents de voir les enfants sur le quai de la gare, ils ont tous leur jolie petite valise !
Durant les vacances, des liens se créent entre les enfants et les familles d’accueil de la délégation de province. Deux enfants se sont par exemple retrouvées sur un lieu de baignade. Le Secours Catholique qui est sur place reste en contact avec les familles au cas où il y ait un problème.
On a des retours des enfants sur leurs vacances, les mamans nous racontent, pendant le séjour il y a des échanges, elles nous envoient aussi des photos.
Le contact s’établit par la suite entre les familles : une famille envoie toujours des petit colis, pour Noel (vêtements…).
Des liens durables se tissent parfois. Pendant deux, trois ans, deux enfants sont toujours partis. dans les mêmes familles. L’année dernière, comme il n’y avait pas de départ, ce sont les familles de vacances de ces mêmes enfants qui sont venues les chercher, les ont emmenés, leur ont fait passer les vacances, et les ont ramenés.
En conclusion:
« Moi je trouve ça génial ». Je trouve qu’il est bon de les sortir de leurs tours, de leur ambiance, de découvrir d’autres familles : ils s’épanouissent, ils sont quand même heureux. Bien sûr, ils sont contents de retrouver leur maman, mais ils ont vu autre chose, ils se sont aérés.
Photographies et propos recueillis par Cyril et Linda